Ecomotion : le compte rendu (trés long) de sandrine
Dimanche 2 novembre :
> Lever de bonne heure et encore quelques heures de trajet pour se rendre sur le lieu du départ... Le trajet qui dure depuis 2 jours, nous semble interminable... Nous avons vraiment hâte que le départ de la course soit donné.
Pontal dos Tatus : nous disons au revoir à nos chers assistants,nous allons nous rendre sur le lieu de départ en prenant un bac... Là encore, il faut attendre... Après nous avoir positionnés pour écrire le mot ECOMOTION, après avoir pris toutes les photos et vidéos nécessaires,
les organisateurs se décident enfin à donner le départ. Il est 15h 40 et ça part vite, très vite...
> Cette 1ère section de
Nous nous accrochons et nous finirons peu de temps après les 1ers.
> Tutoia,19h30 : une très longue section de kayak de mer nous attend...
> 21h30, mes yeux commencent à se fermer...La course est partie depuis 6h seulement. Heureusement, quelques poissons viennent nous réveiller un peu en sautant dans le bateau...Bill, notre pêcheur n'en revient pas!!! C'est la 1ère fois que ce sont les poissons qui viennent directement à lui dans le bateau... 1h du matin, nous arrivons en vu de Sao Bernardo Island le 4ème PC de la course. C'est aussi un Stop and Go (il y en a plusieurs sur la course et nous avons 8 heures de sommeil en tout à écouler à ces PC). Nous n'hésitons pas longtemps avant de décider de nous arrêter 1h. Le débarquement est folklorique car c'est marée basse et une sorte de vase collante nous scotche sur place. Il faut pourtant monter un peu les bateaux sur le bord en prévention de la marée qui monte. Après un lyophilisé» succulent et une soupe aux asperges hyperprotéïnée qui l'est beaucoup moins (car froide),nous arrivons malgré tout à fermer les yeux quelques instants. Je suis vite congelée car cela fait 6 h que nous sommes complètement détrempés par les vagues et le vent.
2h du mat et c'est reparti. Comme convenu, nous n'allons pas chercher le CP optionnel qui nous décompterait 4h de temps sur notre carte de 8h de sommeil (avec en plus dans les 2h d'effort pour aller le chercher...) Nous pensons que nos 8h de sommeil ne vont pas être de trop pour boucler le raid....Nous ne regretterons jamais notre choix. 2h30, j'ai à nouveau les paupières qui se font lourdes. Je m'asperge
d'eau, je bois, je mange...bref, je fais tout ce que je peux pour couper la routine du pagayage. Nous ne parlons pas beaucoup...
Après de multiples étoiles filantes, le jour se lève enfin et nous pouvons enfin profiter du paysage, mais aussi nous rendre compte que nous n'avançons pas vite !
Après des dizaines de méandres de rivière et 1 raccourci en traînant le bateau sur 500m sur le sable et les pavés d'un village (ce qui nous évite 4Km de coups de pagaies), nous arrivons enfin à Araioses. Il est 8h30 et nous avons prévu de nous arrêter 4h à ce PC qui est aussi un stop and go. Nous prenons une chambre dans une pousada, le patron nous sert des fruits, des boissons et du pain... Ça fait du bien! Une petite douche et nous fermons les yeux.
12h, il faut se lever, nous avons tous mal aux épaules.
12h30, c'est parti pour la 3ème section soit
Des boissons fraîches, des nouilles chinoises, des lyophs et des fruits nous attendent. Nous ne savons pas trop où nous en sommes dans le classement, car nous ne savons pas combien de temps les autres équipes ont dormi. Nous, nous avons déjà dormi 5h et il nous reste 3h sur notre crédit sommeil. La transition est relativement rapide, Flo fait marcher le chronomètre et ne nous laisse pas nous endormir. Les poches à eau remplies, des barres de céréales plein les poches, nous partons pour la 5ème section, soit 106Km de VTT.
C'est la fin de journée et la nuit va bientôt tomber, alors nous partons assez vite pour en faire le plus possible. De plus, les 20 premiers Km sont assez roulants, sur de l'asphalte (la seule fois de toute la course). Ensuite, ce sera « l'enfer » des pistes sablonneuses avec surtout une quinzaine de Km où nous passons plus de temps dans le sable à côté du vélo que sur le vélo. Puis, défilent les heures où il faut rester en équilibre, gérer les glissades, les roues qui se bloquent, qui chassent....je me prends un nombre incalculable de gamelles (la roue qui bloque au dernier moment et les pédales qui ne déchaussent pas...) mais je ne suis pas la seule! En plus, le terrain demande toute notre attention ce qui empêche le sommeil de se faire sentir. Nous sommes ravis de nos lampes qui nous permettent un éclairage digne d'un phare de voiture, éclairage indispensable pour anticiper dans le sable. Nous avançons bien jusqu'au PC 9 (PC virtuel où il faut noter une date inscrite sur le mur d'une maison). Nous repartons vite et nous nous laissons influencer par 2 équipes qui font demi-tour devant nous. Grosse erreur!!! Nous empruntons donc un mauvais chemin, nous persévérons, nous faisons demi-tour en essayant de retrouver nos traces...mais tout se ressemble! A ce moment là, nous avons perdu le nord et le moral en prend un coup. Nous nous demandons comment se recaler sur la carte, et nous frappons à la porte de la 1ère maison que nous croisons (il est 23h et nous sommes au milieu de rien...) La porte s'ouvre, Rudy aidé de Nico qui parlent un peu espagnol, tente de se faire situer le lieu sur
Bill en profite pour faire un sommeil flash, malgré les aboiements incessants des chiens. Ici, il doit y avoir 1 chien par habitant. Moi, je me demande si on ne va pas y passer la nuit (en même temps la lumière du jour ne fera pas plus la lumière sur la carte). Nous décidons de repartir et de frapper à d'autres portes. La suivante ne s'ouvrira pas.
Enfin, nous croisons du monde qui semble comprendre ce que nous demandons et qui nous remet sur le droit chemin. Retour au CP 9 après 2 heures à tourner en rond!!! Tout va maintenant bien se passer jusqu'à l'arrivée au CP 11 à Ubatuba.
Il est 3h30 du matin. Nos assistants nous attendent et nous ont préparé les traditionnelles nouilles chinoises , des lyophs délicieux et même de
Notre rythme de progression se fait de moins en moins rapide... Le jour s'est levé... Rudy veut faire une petite pose pour repartir de plus belle, mais je ne trouve pas l'endroit très accueillant pour me coucher (trop de moustiques, trop humide, trop de végétation....difficile la
fille!)
C'est finalement au PC 11 (le 1er sommet), à Serra da Ubatuba que nous ferons une pause de 10 min, dans la douce fraîcheur du brouillard brésilien (si si, j'ai bien dit brouillard!). Rudy et Nico dorment pendant que Bill essaie de s'occuper de mes ampoules afin d'atténuer la douleur...Il est temps de repartir, nous avons froid !?
Nous nous arrêtons au moindre point d'eau pour nous refroidir. Boire ne suffit pas, il faut aussi se mouiller.... Bienvenue dans le « boiler » (« chaudière »)
Il est 10 h du mat et c'est déjà la fournaise...Nous sommes à Ibuaçu
Nous voulons prendre du temps, nous rafraîchir encore et encore, mais Flo et Jerôme nous speede, il n'y a que
Nous souffrons de la chaleur, l'air que nous respirons est brûlant (nous saurons plus tard que les températures sont montées à
Mon moral est au plus bas et je sens bien que nous souffrons tous de la chaleur; nous souffrons en silence. C'est la seule fois de la course où mon mental va me lâcher...
Nous retrouvons nos assistants, il est 13h et nous sommes
déshydratés....Nous avons le luxe de pouvoir nous doucher, manger des fruits frais ....Ce ne sera pas la transition la plus rapide, en même temps nous savons ce qui nous attend et je ne suis pas pressée de repartir en pleine fournaise, sans vent....
Puis c'est la recherche du fameux « câble » qui est en fait de la rue-balise (seulement quelques morceaux de rue-balise sur toute la montée « infernale »...) Nous sommes sur le bon chemin et nous pensons l'avoir perdu, nous ne sommes pas sûrs....L'arrivée d'autres équipes en train de chercher comme nous va finalement nous « rassurer », nous sommes effectivement sur le chemin que voulait nous faire prendre les organisateurs. Il s'agit en fait d'une coupe à la machette dans une végétation assez dense. Pas de lacets, nous montons droit dans la pente! Il fait toujours très chaud et l'ascension est lente. Nous arrivons enfin au sommet de la montagne, il faut maintenant suivre
la crête jusqu'au CP 14, Top of the Trapia. C'est un aller-retour qu'il faut effectuer, notre progression est bonne et la pluie va même faire son apparition (quelques gouttes seulement mais tellement les
bienvenues...) C'est alors une longue traversée de crête dans l'autre sens pour finir par une descente sur un petit village où nous sommes heureux de trouver des Mr Freeze locaux: de la vraie purée de fruit. Il est toujours difficile de faire comprendre ce que nous voulons alors Nico va directement se servir dans les étagères et le réfrigérateur...Bonne idée et gain de temps! Il fait nuit et nous partons alors par un chemin à flanc de montagne en direction du PC 15 où nous attend un rappel. Nous attendons au moins 35 minutes (il nous sera heureusement retranché par la suite) avant de pouvoir nous élancer 1 par 1 sur le rappel. Le système de blocage est en fait un prussik que nous avons guère l'habitude d'utiliser, Nico et moi en avons fait la dure expérience et Nico manque de finir la nuit au bout de sa corde...Il nous a quand même bien fait rire à pester suspendu dans le vide ...
Il nous faut maintenant continuer à descendre le long d'un canyon. La descente n'est pas aisée, de gros blocs et une végétation pas toujours accueillante nous ralentissent. Mes ampoules sont toujours là...
Nous arrivons à un passage obligé pour remonter sur la montagne, à moitié en trek, à moitié en escalade. Escalade facile, certes, mais sans assurance et avec des rochers délités qui bougent . Quand je sens la roche sur laquelle je m'appuie bouger, je pense instantanément à Christophe (il s'est blessé l'année dernière en faisant une chute de + de 10m en entraînant le bout de rocher qui le maintenait à la paroi)...Ce n'est pas rassurant!
La progression est lente mais constante, nous assurons nos prises... Arrivés au sommet de l'arête, nous suivons un sentier à flanc et, après une zone de jungle humide avec des passages sous des falaises surplombantes qui ruissellent, nous arrivons à la remontée sur corde fixe...
1h30 du matin nous avons
Flo et Gers nous annoncent alors que nous sommes 5ème....Les équipes ont écoulé leur temps de sommeil et le classement est enfin « visible ». Nous ne traînons pas trop à l'assistance, comme d'hab, Flo et Gers sont là pour nous mettre dehors!
Section 8:
Le village d'où nous partons doit être perché au sommet d'une montagne car nous commençons par une dizaine de Km de descente hallucinante sur une route pavée...C'est bien la descente, mais là, ça fait très mal aux fesses et à une ampoule que j'ai à la base des orteils, juste au niveau de
descente...) et Rudy se penche sur
Quelques passages un peu techniques (les plus beaux du raid), des singles et des pierres nous attendent alors, les garçons sont ravis de ce parcours... Moi, je suis un peu mitigée (je ne suis plus très lucide pour enchaîner correctement au milieu des cailloux, mais je ne perds pas trop de temps pour autant. Bill se met derrière moi pour ne pas que je me laisse distancer...)
Nous roulons bien, nous pensons aux équipes derrière nous comme Wilsa Helly Hansen qui pourrait tenter de revenir mais nous ne reverrons personne jusqu'à l'assistance à Campanario.
La transition est rapide, nos assistants remplissent les poches à eau, nous donnent des bouteilles et nos gilets de sauvetage débordent de barres et de sandwichs. Nous sommes prêts à partir pour la section 9 :
Cette section que nous débutons à 7h du matin mercredi va s'achever à 23h le soir. Nous passons plus de 16h à tracter, pousser, porter le bateau...et si peu de temps à pagayer!
Nous croisons uniquement des cochons, beaucoup de cochons qui se mettent au « frais » dans l'eau de la rivière, des vaches ainsi que quelques habitants qui se lavent (surtout en fin de journée). Au plus chaud de la journée, l'eau est tellement chaude qu'elle nous brûle les tibias!!!Elle est au moins à
Le temps s'écoule et notre progression est lente, nous n'en voyons pas le bout. La nuit tombe, nous n'avons qu'une grosse lampe même pas chargée en plein alors nous l'économisons le plus possible. Temps mieux car lorsque je l'allume des milliers d'éphémères me tombent dessus, il y en a partout (dans les oreilles, sous les vêtements...) c'est très désagréable! Heureusement nous avons aussi nos petites lampes dans le matos obligatoire, elles prendront le relais. C'est alors que nous discernons des lumières derrière nous... Ça nous donne un coup de boost, une équipe arrive. Ce sont des Brésiliens (pas ceux du VTT) qui arrivent vraiment rapidement. Il nous dépasse bientôt et nous ne voulons pas nous faire distancer... D'un coup, nous sommes survoltés! Ils tentent de nous distancer mais nous nous accrochons, 1ère attaque, 2ème attaque...nous sommes toujours là, alors ils calment un peu le jeu... Nous collons à leurs kayaks et bien nous en a pris car la calme rivière se transforme avec du courant et des chutes à passer. Les
portages et les passages de blocs rocheux sont nombreux et la roche humide devient une patinoire...nous glissons et tombons de nombreuses fois à tour de rôle...Ils ont l'air de vraiment maîtriser le parcours et les portages (ils sont bien équipés, avec des sangles et les affaires attachées dans les bateaux). Malgré ces déboires, Les garçons s'accrochent... J'en arrive presque à oublier mes pieds endoloris. Il ne faut pas les lâcher, ils vont nous sortir de cette rivière, c'est sûr!
Nous distinguons enfin les lueurs de la ville de Granja. OUF !!! Cette section aura été l'une des plus difficile et dangereuse de la course, ça va faire mal derrière!
Nous finissons cette section en même temps que les Brésiliens mais ils ne mettront que 7 min pour repartir alors que nous en mettrons plus du double...Nous cherchons l'assistance, les organisateurs nous demandent de retourner les bateaux pour en vérifier l'état....Nous apprendrons plus tard qu'une équipe aura tracté les bateaux par la piste, sur plus de
la rivière et savaient ce qu'ils faisaient...ils mettront 2h à tous le monde
Section 10, nous faisons le plus vite possible pour repartir pour
J'essaie de donner un peu de rythme à cette section à nouveau très sablonneuse qui nous emmène en bord de mer à Camocim .
Nous sommes enfin en bord de plage et il faut longer le rivage jusqu'à un bac où le chrono s'arrête. Nous allons pouvoir retrouver nos assistants et dormir un peu. Il est 3h du matin et nous repartons avec les bateaux de pêche à 7h. Les Brésiliens sont à 30 min...
Nouilles chinoises, salade de pâtes, salade de fruits frais....de quoi se restaurer correctement avant le finish. Nous dormons un peu dans les tentes qui nous abritent du vent.
D'un coup, il faut se lever, se dépêcher, l'heure brésilienne tourne à l'envers et nous devons finalement partir à 6h du matin à cause de bonnes conditions de vent...je monte sur le bateau avec un lyoph à la main, le ventre à moitié rempli...nous finissons de nous crémer sur
l'eau... Cette section semble amusante, 2 pêcheurs nous accompagnent pour manoeuvrer le bateau et nous les regardons faire avec admiration. Nico prendra même la barre quelques temps. La mer est démontée, il y a beaucoup de vent et notre seule occupation sera d'écoper... Nous virons enfin de bord et nous pensons que nous allons enfin regagner le rivage, mais non, il faut encore repartir au large nous sommes trop courts....ou alors, les pêcheurs ont des consignes pour nous promener un certain temps (c'est ce que nous pensons, mais nous ne comprenons rien au portugais...) Je commence à trouver le temps long et j'ai mal au coeur. Je me couche au fond du bateau et je commence à grelotter malgré ma veste....Finalement les garçons vont avoir la présence d'esprit de m'envelopper dans une couverture de survie. Je frôle l'hypothermie (ils ont l'air d'avoir froid eux aussi mais un peu moins que moi....ils ont pensé au pantalon light!) 6h et
Nous gardons cependant le moral car la dune de Jéricoacoara est en vue. Il nous reste
Ça y est, c'est fait. Nous sommes 5ème et nous sommes satisfaits de cerésultat.
Passage sur le podium, le champagne coule. Nous sommes heureux. Nous sommes allés au bout de ce projet, nous avons bien souffert de la chaleur... Mais nous avons géré au mieux notre méconnaissance du terrain et de
Nous retiendrons aussi l'extrême gentillesse des Brésiliens...